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Paul Schmitt nous parle de l'avenir de la fiction française


- Quel avenir peut-on prédire à la fiction française ? Faut-il aller vers plus de co-productions ?

L'avenir est un peu flou pour la fiction domestique française (produite par la France, pour la France). Il y a eu en 2014 un virage éditorial porteur d'espérances. Mais aujourd'hui l'arrivée de nouveaux entrants (Netflix, Amazon, SFR, etc.) met un coup économique aux chaines en termes d'audience. Elles effectuent donc un petit retour arrière pour se rassurer, et se recentrent sur les "bonnes vieilles recettes de maman" qui fonctionnent bien et engendrent un budget moindre. Mais en même temps, ces nouveaux entrants apportent de nouveaux clients, un manque à gagner peut donc se faire. Concernant les coproductions, il en faudrait plus, mais en même temps il ne faut pas qu'elles soient seulement portées par Arte et Canal. Il faut tendre vers un ADN plus international, comme les séries scandinaves qui s'exportent plus facilement car elles ont des sujets universels.

- Que penses-tu des plateformes comme Netflix, à la fois producteur et diffuseur ?

Ils sont installés sur un marché réel lié à la délinéarisation. On ne regarde plus la télé de manière linéaire. Ils ont pris ce marché là. Le contenu sera toujours visionné mais de manière différente. Ils produisent des séries en interne mais la relation entre la production et Netflix est différente d'une relation production/chaine. C'est bien si nous, français, nous arrivons à rattraper le marché de Netflix, et la loi peut aider. En 2018, Netflix sera obligé d'investir un certain minimum dans la production française pour réguler la concurrence. Car les chaines françaises sont soumises à des lois spécifiques, or il faut le même régime juridique pour tous.

- Aujourd’hui, l’ensemble des rémunérations de droits d'auteurs versés aux scénaristes et réalisateurs s'établissent en moyenne à 4,5%. On est loin des 10% consacrés aux frais généraux ou des 7% pour les imprévus. Que penses-tu de cela ?

Effectivement dans le budget production il y a 60% qui va à l'équipe technique, aux comédiens et aux charges sociales. 7% sont consacrés aux frais généraux et 10% aux imprévus. Là dedans, entre 4 et 4,5% sont destinés aux droits d'auteur. Aux Etats-Unis, c'est plutôt 10%. En plus de cela, l'auteur reçoit des droits de la SACD (Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques). Ces droits se divisent en pourcentages selon une cuisine interne et tombent à chaque diffusion. Ils sont équivalents à trois fois la rémunération de l'auteur. La SACD est financée à égalité par les producteurs et les diffuseurs. Or, si on supprime la SACD et que les producteurs récupèrent leur argent afin de le redistribuer aux auteurs, alors on atteint facilement les 10% américains. Voilà la vérité du système. Faut-il payer plus les auteurs ? Est-ce que ça donnerait lieu à plus de qualité ? Auteur n'est pas un métier facile mais quand tu es dans le top 40, tu vis d'une bonne rente même si tu ne travailles pas constamment. Certains auteurs sont aussi riches que certains producteurs. Le cinéma est un secteur qui "surpaye" encore.

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